La science dans l’histoire

(Expo­sé don­né au groupe de tra­vail « Psy­cha­na­lyse et sciences sociales » à Saar­brü­cken le 22 mars 2025)

Qu’est-ce que la science ?

La science n’est pas une « chose » que l’on pour­rait défi­nir comme une chaise, une table ou un arbre. La science est une acti­vi­té, un pro­ces­sus qui doit ser­vir, dans le sens le plus géné­ral, à la fabri­ca­tion ou à la pro­duc­tion de connais­sances cor­rectes ou visionnées.

Ici, tous les aspects sont alors importants :

  • Qui est l’ac­teur, ou qui sont les acteurs de ce processus ?
  • L’ac­teur ou le pro­duc­teur est-il un indi­vi­du ou un groupe, une collectivité ? 
  • Et qui est l’in­di­vi­du ou le groupe qui peut légi­ti­me­ment faire de la science ?
  • Com­ment se déroule ce pro­ces­sus ? N’y a‑t-il qu’une seule façon de pro­duire des connais­sances cor­rectes ou avé­rées ? Y en a‑t-il plu­sieurs ? Quelles sont alors les vraies et les fausses, les bonnes ou les mau­vaises, et com­ment dis­tin­guer les unes des autres ?
  • Qu’en­tend-on exac­te­ment par savoir « vrai » ou savoir « avé­ré » ? Qu’est-ce qui rend la connais­sance « vraie » vraie ou la connais­sance « sûre » sûre ?
  • De quel type de savoir s’a­git-il ? Le savoir scien­ti­fique est-il un savoir sur les dieux, un savoir sur les concepts, un savoir sur les véri­tés, un savoir sur les livres, un savoir sur la nature, sur les gens, etc.
  • Avec ces ques­tions, on se heurte immé­dia­te­ment à trois types de com­pli­ca­tions qu’il est dif­fi­cile d’é­vi­ter si l’on ne veut pas défi­nir l’ac­ti­vi­té que l’on appelle science sim­ple­ment à par­tir du vide.

1. Les complications historiques

La réponse la plus géné­rale à ces ques­tions est la sui­vante : l’his­toire de la science a four­ni une mul­ti­tude de réponses dif­fé­rentes à ces ques­tions. Et, il est pos­sible, à par­tir des réponses, de dis­tin­guer une science antique d’une science médié­vale, d’une science de la Renais­sance. On peut aus­si dis­tin­guer la « révo­lu­tion scien­ti­fique » des 16ᵉ et 17ᵉ siècles de la science indus­trielle moderne des 18ᵉ et 19ᵉ siècles en fonc­tion des réponses à ces ques­tions. De la même manière, cette der­nière peut être dis­tin­guée de la science contemporaine. 

Ce sont donc les grandes époques his­to­riques de la science, dans les­quelles la science est pra­ti­quée par des acteurs dif­fé­rents, avec des objec­tifs his­to­ri­que­ment dif­fé­rents, et avec des méthodes très dif­fé­rentes. La méthode pla­to­ni­cienne d’ac­qui­si­tion des connais­sances a peu de points com­muns avec la méthode sco­las­tique de la fin du Moyen Âge, tant au niveau de l’ob­jec­tif que du conte­nu. Celle-ci est éga­le­ment rem­pla­cée par la pre­mière révo­lu­tion dite scien­ti­fique, tant dans ses méthodes que dans ses inten­tions. La même chose peut être dite de la science indus­trielle moderne qui, aux 18ᵉ et 19ᵉ siècles, com­prend la science, déjà très contem­po­raine, comme une ratio­na­li­té de fina­li­té, c’est-à-dire une acti­vi­té qui ne vise pas tant la connais­sance ou le savoir en soi que le savoir tech­ni­que­ment dis­po­nible. Cette science, Her­bert Mar­cuse et Jür­gen Haber­mas le pen­saient déjà à la fin des années 60, est liée dans son essence – et même jusque dans les détails de ses méthodes scien­ti­fiques – au mode de pro­duc­tion capitaliste.

Je cite Habermas :

Avec la recherche indus­trielle à grande échelle, la science, la tech­nique et l’ex­ploi­ta­tion ont été réunies en un seul sys­tème. Elle s’as­so­cie désor­mais à la recherche sous contrat de l’É­tat, qui pro­meut prin­ci­pa­le­ment le pro­grès scien­ti­fique et tech­nique dans le domaine mili­taire. De là, les infor­ma­tions reviennent dans les domaines de la pro­duc­tion de biens civils. La tech­nique et la science deviennent ain­si la pre­mière force pro­duc­tive, ce qui sup­prime les condi­tions d’ap­pli­ca­tion de la théo­rie de la valeur tra­vail de Marx. (Haber­mas, 2014, p. 79 – 80).

Cette brève des­crip­tion montre à quel point la science s’est trans­for­mée au 19ᵉ siècle en une science tech­nique géné­rale, dont les tâches sont aban­don­nées par l’É­tat et servent d’a­bord les inté­rêts mili­taires. L’OTAN parle encore aujourd’­hui de « tech­no­lo­gie à double usage », c’est-à-dire une recherche mili­taire qui peut éga­le­ment trou­ver des appli­ca­tions civiles. 

On peut faci­le­ment citer des exemples issus de la recherche mili­taire : les réac­teurs nucléaires, le GPS, Inter­net, les images satel­lites, les maté­riaux com­plexes (fibre de car­bone, titane), les lasers, les drones, la cryp­to­gra­phie et la cyber­sé­cu­ri­té, la robo­tique et, dans une large mesure, l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle dont on parle beau­coup aujourd’­hui. Ici, on peut bien sûr aus­si énu­mé­rer les pro­grès médi­caux qui pro­viennent direc­te­ment de la recherche mili­taire : Le trai­te­ment des trau­ma­tismes et la méde­cine d’ur­gence ou les vac­cins et la recherche sur les infec­tions, par exemple dans le cadre de la recherche sur des mala­dies comme le typhus, la grippe et la fièvre jaune pen­dant la Pre­mière Guerre mon­diale, la vac­ci­na­tion contre la grippe, la fièvre jaune et la dengue pen­dant la Seconde Guerre mon­diale, la sur­veillance épi­dé­mio­lo­gique et la réponse aux épi­dé­mies. Je revien­drai une autre fois sur les influences de la recherche mili­taire sur la psy­cho­thé­ra­pie – ain­si que sur la thé­ra­pie cognitivo-comportementale.

Il serait faux de pen­ser que la science n’a pas évo­lué de la même manière depuis la Seconde Guerre mon­diale au moins. Bien au contraire, les déve­lop­pe­ments se sont accé­lé­rés en rai­son de la pres­sion crois­sante de l’in­no­va­tion et de la pri­va­ti­sa­tion pro­gres­sive de la science.

Ain­si, la courte période qui suit la Seconde Guerre mon­diale peut encore une fois être divi­sée en plu­sieurs périodes : la période de la soi-disant « Big Science » à la fin de la guerre, avec ses grands pro­jets finan­cés par l’É­tat et l’ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion inté­grale de la recherche, la science de la guerre froide avec sa spé­cia­li­sa­tion crois­sante, la science de la révo­lu­tion numé­rique et de l’ère de l’in­for­ma­tion à par­tir de 1980, qui va de pair avec la néo­li­bé­ra­li­sa­tion de la science. À par­tir des années 2000, il y a de nou­veau un chan­ge­ment dans les métho­do­lo­gies scien­ti­fiques, ain­si que dans les objec­tifs de la science, qui vont de plus en plus vers le ren­de­ment du capi­tal. Mais, l’as­pect du contrôle social, qui avait bien sûr déjà com­men­cé avec la science indus­trielle du 19ᵉ siècle, devient éga­le­ment une branche essen­tielle de l’é­co­no­mie et de la recherche (voir Zuboff, 2019).

2. Complications épistémologiques

Si la recherche mili­taire sur les bombes ato­miques n’a pas grand-chose en com­mun avec le capi­ta­lisme de sur­veillance, et si la science indus­trielle est aus­si dif­fé­rente de la lec­ture du livre de la nature de Gali­lée que de la connais­sance sco­las­tique de Dieu ou de l’a­na­mnèse pla­to­ni­cienne du vrai, du bien et du beau, alors on se heurte à la ques­tion de savoir où situer, sinon défi­nir, « la » science.

Quelle est la science scien­ti­fique ? Ou, autre­ment dit : quelle est la vraie science, et qu’est-ce qui relève au contraire de l’er­reur, de l’illu­sion ou de la pseu­dos­cience ? La réponse habi­tuelle, celle qui domine encore aujourd’­hui dans l’en­sei­gne­ment uni­ver­si­taire, est sou­vent de nature pré­sen­tiste. Elle revient à pos­tu­ler que la science actuelle est la bonne, et que tout ce qui pré­cède n’é­tait qu’ap­proxi­ma­tions, erre­ments, ou formes défi­cientes de ce que nous savons aujourd’­hui. Autre­ment dit, la science, ce serait ce que nous fai­sons main­te­nant, dans les labo­ra­toires, avec la méthode scien­ti­fique, les pro­to­coles, la quan­ti­fi­ca­tion, la répli­ca­tion, la revue par les pairs.

Mais ce type de réponse, fon­dée sur une lec­ture téléo­lo­gique et ana­chro­nique de l’his­toire des savoirs, masque les dis­con­ti­nui­tés pro­fondes qui tra­versent les pra­tiques dites scien­ti­fiques. Comme l’a mon­tré Michel Fou­cault, il n’y a pas de science défi­nis­sable en soi, mais des confi­gu­ra­tions de savoirs et de pou­voirs, des « épis­té­mès » his­to­riques, qui struc­turent ce qu’il est pos­sible de dire, de pen­ser, d’ex­pé­ri­men­ter à un moment don­né (Fou­cault, 1969/2008).

Il n’y a pas de conti­nui­té pure entre les caté­go­ries intel­lec­tuelles de l’as­tro­no­mie grecque, de la phy­sique gali­léenne, de la bio­lo­gie lamar­ckienne, de la cyber­né­tique ou de la data science. Croire que l’on peut défi­nir « la » science par quelques cri­tères uni­ver­sels et intem­po­rels (objec­ti­vi­té, fal­si­fia­bi­li­té, ratio­na­li­té, repro­duc­ti­bi­li­té, etc.) relève d’une illu­sion rétros­pec­tive, déjà cri­ti­quée par Paul Feye­ra­bend, qui insis­tait sur la plu­ra­li­té des méthodes et des approches scien­ti­fiques à tra­vers l’his­toire (Feye­ra­bend, 1975/1988).

Le cri­tère de démar­ca­tion entre science et non-science, que Karl Pop­per avait ten­té de for­mu­ler en termes de fal­si­fia­bi­li­té, est lui-même inopé­rant dès lors que l’on regarde les pra­tiques réelles de la recherche. Nombre de théo­ries dites scien­ti­fiques ne sont ni fal­si­fiables au sens strict, ni repro­duc­tibles, ni indé­pen­dantes des condi­tions socio-ins­ti­tu­tion­nelles de leur pro­duc­tion (Pop­per, 1934/2009).

Les fina­li­tés de la science varient, elles aus­si, à tra­vers les époques : contem­pla­tives chez Gali­lée, théo­lo­giques chez Tho­mas d’A­quin, tech­niques chez Bacon, mili­taires dans le pro­jet Man­hat­tan, com­mer­ciales dans le capi­ta­lisme algo­rith­mique. La science ne vise pas tou­jours à connaître, mais par­fois à pro­duire, à anti­ci­per, à gou­ver­ner, à exploi­ter. En ce sens, ce que nous appe­lons science est aus­si un dis­po­si­tif de pou­voir, comme l’ont mon­tré Bru­no Latour et Steve Wool­gar dans leur étude pion­nière sur la vie de labo­ra­toire (Latour & Wool­gar, 1979/1988).

L’his­toire des sciences ne peut donc pas être racon­tée comme celle d’une pro­gres­sion linéaire vers la véri­té. Elle est faite de rup­tures para­dig­ma­tiques (Kuhn, 1962/1983), de luttes de recon­nais­sance sym­bo­lique, d’in­tri­ca­tions entre inté­rêt cog­ni­tif, stra­té­gique, poli­tique, moral. Elle est aus­si faite d’ou­bli : ce que l’on nomme aujourd’­hui pseu­dos­cience fut par­fois, hier, le som­met du savoir. La mémoire col­lec­tive des sciences est sélec­tive, nor­ma­li­sée, fil­trée par des ins­ti­tu­tions aca­dé­miques et des conven­tions éditoriales.

Défi­nir ce qu’est la science sup­pose donc une double cri­tique : cri­tique du pré­sen­tisme (Kosel­leck, 2004), qui juge le pas­sé selon les normes du pré­sent, et cri­tique de l’es­sen­tia­lisme, qui prête une iden­ti­té fixe à des pra­tiques his­to­ri­que­ment situées. Une véri­table com­pré­hen­sion de la science requiert une approche généa­lo­gique, atten­tives aux contextes, aux dépla­ce­ments, aux conflits et aux hétérogénéités.

3. Complications normatives

Depuis le « cercle de Vienne », c’est-à-dire le néo­po­si­ti­visme ou l›« empi­risme logique » à la fin du 19ᵉ siècle, la ques­tion de la scien­ti­fi­ci­té de la science, la ques­tion épis­té­mo­lo­gique est aus­si presque indis­so­lu­ble­ment liée à la ques­tion nor­ma­tive : Il y a une science juste et une science fausse, et la science fausse n’est pas seule­ment inutile – elle ne peut ser­vir à aucune pro­duc­tion tech­nique – mais elle est sou­vent l’œuvre d’in­ten­tions peu glorieuses.

La ques­tion qui est le plus sou­vent asso­ciée à la phi­lo­so­phie de la science de Pop­per – le pro­blème de la déli­mi­ta­tion – ne doit donc jamais être com­prise uni­que­ment comme une ques­tion épis­té­mo­lo­gique. La ques­tion de la bonne science est aus­si une ques­tion nor­ma­tive, c’est-à-dire une ques­tion morale.

Mais cela entraîne une série de nou­veaux pro­blèmes. Je rap­pelle les deux que­relles de juge­ment de valeur en Allemagne.

Le pre­mier, qui, avant même la Pre­mière Guerre mon­diale, oppo­sait Max Weber, Wer­ner Som­bart à des socia­listes comme Gus­tav von Schmol­ler et Lujo von Brentano.

La thèse de Max Weber sur l’ab­sence de valeur sti­pu­lait – dans sa ver­sion nor­ma­tive – que la science devait sépa­rer les décla­ra­tions de faits des juge­ments de valeur. Le scien­ti­fique devrait donc être aus­si conscient que pos­sible de ses propres juge­ments de valeur afin de les sépa­rer de son tra­vail scien­ti­fique. C’est ain­si que l’on par­lait aus­si en psy­cha­na­lyse après 1945 de la « neu­tra­li­té bien­veillante », qui n’ap­pa­raît pas dans l’œuvre de Freud, mais qui devait décrire la « règle d’abs­ti­nence »[1]. On retrouve même cette idée dans la der­nière publi­ca­tion de Bour­dieu sur la science de la science et la réflexi­vi­té.

La cri­tique de la norme de liber­té des valeurs a été contes­tée dans la mesure où, par exemple, par Schmol­ler, les ques­tions de recherche, mais aus­si la métho­do­lo­gie, l’in­ter­pré­ta­tion des don­nées et fina­le­ment l’o­rien­ta­tion poli­tique de la recherche sont tou­jours tein­tées de normativité.

La deuxième que­relle sur les juge­ments de valeur était la que­relle du posi­ti­visme qui, dans les années 1960, oppo­sait les repré­sen­tants de la théo­rie cri­tique comme Ador­no, Haber­mas et Hor­khei­mer à Pop­per et Hans Albert. Cette que­relle est deve­nue plus connue sous le nom de « que­relle du posi­ti­visme ». Ici, la situa­tion pro­blé­ma­tique se pré­sente un peu dif­fé­rem­ment. Les deux par­ties sup­posent qu’il ne peut pas y avoir de neu­tra­li­té des valeurs dans les sciences sociales, mais la ques­tion est de savoir si les sciences sociales doivent se limi­ter à des aspects par­ti­cu­liers de la socié­té, et donc sou­te­nir l’ingé­nie­rie sociale par mor­ceaux vers des réformes sociales, ou si le regard doit se por­ter sur la tota­li­té du sys­tème social capi­ta­liste afin de le critiquer.

La dis­cus­sion sur l’ab­sence de valeur concerne cepen­dant aus­si les sciences natu­relles, à com­men­cer par la socio­lo­gie de la science de Robert K. Mer­ton au début des années 1970. Bien que Mer­ton ait exi­gé les soi-disant normes CUDOS pour la science – Com­mu­na­lism, Uni­ver­sa­lism, Disin­te­res­ted­ness, Orga­ni­zed Skep­ti­cism – il les consi­dé­rait éga­le­ment comme des idéa­li­sa­tions impos­sibles à atteindre. Avant Bour­dieu, Mer­ton a pré­ci­sé que les scien­ti­fiques tra­vaillent dans un champ social carac­té­ri­sé par des struc­tures de pou­voir à l’in­té­rieur et dépen­dant de fac­teurs poli­tiques et finan­ciers à l’ex­té­rieur, ce qui rend impos­sible une neu­tra­li­té totale. Ceux-ci conduisent alors à des phé­no­mènes de per­cep­tion et de confir­ma­tion sélec­tives, tant au niveau du conte­nu que de la métho­do­lo­gie, qui sont moins scep­tiques que favo­rables aux approches théo­riques et aux résul­tats dominants.

Dans les sciences natu­relles aus­si, il y a donc une nor­ma­ti­vi­té, même si elle est mieux mas­quée, aus­si bien dans le choix des ques­tions de recherche que dans le finan­ce­ment public et pri­vé et ses influences ins­ti­tu­tion­nelles, que dans les déci­sions métho­do­lo­giques, les inter­pré­ta­tions des résul­tats de la recherche, les stra­té­gies de publi­ca­tion et de com­mu­ni­ca­tion média­tique. La science moderne est et a été depuis le début éga­le­ment un ins­tru­ment de pou­voir politique.

Cela per­met alors de réflé­chir à la neu­tra­li­té des valeurs et à l’ob­jec­ti­vi­té scien­ti­fique : être ins­tru­men­ta­li­sé dans le dis­cours poli­tique ou dans le mar­ke­ting éco­no­mique lui-même, pour mas­quer la sélec­ti­vi­té des approches de recherche, l’in­ter­pré­ta­tion des résul­tats, les inté­rêts poli­tiques et éco­no­miques. La liber­té de juge­ment de valeur ins­tru­men­ta­li­sée devient ain­si une auto­ri­té poli­tique ou finan­cière que l’on peut consi­dé­rer comme non scien­ti­fique en la contredisant.

Bibliographie

  • Feye­ra­bend, P. (1988). Contre la méthode (J. Freund, Trad.). Paris : Seuil. (Ouvrage ori­gi­nal publié en 1975)
  • Fou­cault, M. (2008). L’archéologie du savoir. Paris : Gal­li­mard. (Ouvrage ori­gi­nal publié en 1969)
  • Haber­mas, Jür­gen. 2014. Tech­nik und Wis­sen­schaft als « Ideo­lo­gie ». Franc­fort : Suhr­kamp. (Ouvrage ori­gi­nal publié en 1969)
  • Kosel­leck, R. (2004). Le futur pas­sé. Contri­bu­tion à la séman­tique des temps his­to­riques (J. Hoock & M. Wie­wior­ka, Trad.). Paris : Édi­tions de l’EHESS.
  • Kuhn, T. S. (1983). La struc­ture des révo­lu­tions scien­ti­fiques (L. Meyer, Trad.). Paris : Flam­ma­rion. (Ouvrage ori­gi­nal publié en 1962)
  • Latour, B., & Wool­gar, S. (1988). La vie de labo­ra­toire : La pro­duc­tion des faits scien­ti­fiques (D. Pestre, Trad.). Paris : La Décou­verte. (Ouvrage ori­gi­nal publié en 1979)
  • Pop­per, K. (2009). La logique de la décou­verte scien­ti­fique (M. Bou­vier, Trad.). Paris : Payot. (Ouvrage ori­gi­nal publié en 1934)
  • Zuboff, Sho­sha­na. 2019. The Age of Sur­veillance Capi­ta­lism. Main. Londres : Pro­file Books.

Notes

1 Freud lui-même avait un point de vue plus nuan­cé à ce sujet : « Les règles tech­niques que je pro­pose ici m’ont été sug­gé­rées par ma propre expé­rience de longue date […]. J’es­père que leur prise en compte épar­gne­ra aux méde­cins ana­lystes beau­coup d’ef­forts inutiles et les pro­té­ge­ra de bien des oublis ; mais je dois dire expres­sé­ment que cette tech­nique s’est avé­rée être la seule appro­priée à mon indi­vi­dua­li­té ; je n’ose pas nier qu’une per­son­na­li­té médi­cale tout à fait dif­fé­rente peut être pous­sée à pré­fé­rer une autre atti­tude envers le malade et envers la tâche à résoudre ». (Freud. 1912. « Conseils pour le méde­cin dans le trai­te­ment psy­cha­na­ly­tique ». GW, vol. VIII, p. 376)